Aller
Nature : s. m.
Prononciation : a-lé
Etymologie : Bourguig. aulai, ailai ; provenç. et catal. anar ; espagn. et portug. andar ; ital. andare ; ital. ancien, d'après Castelvetro, anare. Ici se présente une première question : aller et andare sont-ils un seul et même mot ? Diez paraît l'avoir résolue d'une façon satisfaisante. Il rapporte un vers de Tristan : Que vos anez por moi fors terre ; et un vers de la chronique de Benoît : Si qu'en exil nos en anium. A la vérité Burguy, Gramm. t. I, p. 286, pense que anium est une mauvaise leçon, et qu'il faut aujun (comp. qu'il aut, qu'il aille), se fondant sur ce que la forme aner ne peut appartenir au dialecte normand dans lequel Benoît a écrit. Mais je trouve dans la chanson de Roland, qui est aussi un texte normand, qu'il ainz, pour qu'il aille ; ainz vient d'aner. L'objection de Burguy ne subsiste donc pas, et il faut admettre que, dans l'ancien français, à côté de aller, il y a eu une forme aner, parallèle aux autres formes romanes. La permutation de l'n en l n'est aucunement sans exemple dans le français : témoin orphenin et orphelin, venin et velin, entre lesquels la langue a hésité. Si l'on admet que les verbes romans viennent d'un mot latin (l'allemand wallen, aller, qu'on a cité, aurait donné gualer), le français et le provençal aner, anar, supposent adnare ; l'espagnol andar suppose ambitare ou aditare ; l'italien andare suppose aditare, avec l'intercalation d'une nasale. Diez remarque que ambitare, fréquentatif d'ambire, aller autour, a pu très bien donner l'espagnol andar, mais que la syllabe amb ne se rend pas en italien par and, et qu'il faut l'exclure, à moins d'admettre que le mot italien dérive du mot espagnol ; dérivation que, historiquement, rien ne justifie. Excluons donc ambitare. Diez s'attache à aditare, fréquentatif d'adire, et employé quelquefois par les Latins eux-mêmes dans le sens d'aller ; il fait voir que aditare a pu faire andare en intercalant une nasale ; ce qui arrive, voyez rendere, de reddere. Le fait est que l'italien andito est l'aditus latin, et témoigne que le verbe adire a laissé des traces. Maintenant entre adnare fourni par anar, aner, et andare fourni par aditare, quel choix faire ? Aditare donnerait en français atter ou ander, en provençal andar, mais non aner ou anar ; pour le faire prévaloir, il faudrait admettre qu'ils viennent de l'italien, ce qui n'a dans l'histoire de ces langues aucune preuve. Adnare, qui donne aner et anar, fournira probablement l'espagnol andar, bien que je ne connaisse pas de combinaison dn qui en espagnol donne nd ; mais fournirait en italien annare, et non andare. à la vérité Diez remarque que le catalan supprime souvent le d, disant manar pour mandar ; que c'est le catalan qui a fait anar de andar, et que de là la forme sans d s'est étendue dans la langue d'oc et dans la langue d'oïl. Mais c'est là un pas que l'on ne peut franchir sans autre exemple que celui-là même qui est en question : le d en cette position ne disparaît pas dans ces deux langues. Diez a prouvé pleinement, je crois, que andare peut venir de aditare ; mais il n'a pas prouvé comment aditare aurait donné anar et aner. Il se présente deux solutions de cette difficulté : ou admettre qu'il y a eu deux formations : l'une, de andare, qui vient de aditare ; l'autre, de anar, aner, qui vient de adnare. Adnare est cité dans le Glossaire de Papias, avec le sens de venir ; Virgile a dit en parlant de Dédale : Insuetum per iter gelidas enavit ad arctos, Aen. VI, 16 ; et adnare pour aller n'est qu'une métonymie comparable à celle de adripare dit pour arriver. Cette solution est la seule qui satisfasse aux exigences de la dérivation dans les langues romanes ; mais elle pèche contre une exigence considérable, à savoir l'exigence historique : d'ordinaire la formation est analogue dans les quatre grands embranchements ; aner, andare, andar et anar sont trop voisins de forme et de sens pour qu'on ne pense pas qu'ils émanent d'une même création. Le problème étymologique en est là : trouver comment anar ou aner s'accommode avec andare, si c'est aditare qui est le radical ; ou comment andare s'accommode avec anar ou aner, si c'est adnare qui est le radical ; ou enfin trouver comment il se fait qu'il y ait eu une double formation pour un mot si usuel ; s'il faut prendre adnare pour les langues cisalpines, et aditare pour les langues hispano-italiques ; ou bien enfin, dans l'incertitude qui reste, si quelque autre mot encore inexploré n'est pas l'origine.

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Définition et signification du mot Aller

Aller

Définition du mot Aller : - Action d'aller.

Définition du mot Aller : - Le pis aller, le pis qu'il puisse arriver.

Définition du mot Aller : - Au pis aller, avec le plus grand mal qui puisse arriver. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.


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