Sommaire

Définition du mot honte

Définition du mot honte |

Définition : (fr-rég|??t)

  • Déshonneur, opprobre, humiliation (ce qui est le sens étymologique et ancien). - Se plaindre est une honte et soupirer un crime. — Pierre Corneille, Hor. IV, 4. - La gloire d’une mort qui nous couvre de honte. — Pierre Corneille, Pomp. II, 2. - Mais pour braver Marcelle et m’affranchir de honte, Il est une autre voie et plus sûre et plus prompte. — Pierre Corneille, Théodore, III, 3. - Dans la nuit du tombeau jenfermerai ma honte. — Jean Racine, Iphig. II, 1. - Jai déclaré ma honte aux yeux de mon vainqueur. — Jean Racine, Phèdre, III, 1. - Déjà de sa présence de Phèdre avec honte chassée, Dans la profonde mer Œnone s’est lancée. — Jean Racine, ib. V, 5. - Il y aurait de la honte à m’abandonner. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XV.) - Il fait à l’homme de bien une honte de la vertu. — Jean-Baptiste Massillon, Pet. car. Triomph. - Et si je nécoutais que ta honte et ma gloire. — Voltaire, Zaïre, III, 4. - Tu vois mon sort, tu vois la honte où je me livre. — Voltaire, ib. V, 8. - Va, la honte serait de trahir ce que jaime. — Voltaire, ib. IV, 3. - La honte est dans l’offense, et non pas dans l’excuse. — La Chaussée, Préjug. à la mode, V, 1. - Ce nest pas ce que voulait madame Kaufmann : il lui fallait savourer la honte de sa rivale, la voir humiliée, perdue, insultée. — (Fr. Soulié, les Forgerons, § II.)

  • Par exclamation. - Ô honte, qui jamais ne peut être effacée ! — Jean Racine, Esth. III, 1.

  • Être la honte, faire la honte de sa famille, de son pays, de son siècle, lui faire un grand déshonneur. - Divorces et séparations si ordinaires aujourdhui dans le monde, et que nous pouvons regarder comme la honte de notr(e) siècle, surtout parmi des chrétiens. — Louis Bourdaloue, 2e dim. apr. l’Épiphan. Dominic.

  • À la honte de, en causant déshonneur. - Où des fils de la terre La rage ambitieuse à leur honte parut. — François de Malherbe, II, 12. - Épargnez-moi des pleurs qui coulent à ma honte. — Pierre Corneille, Poly. II, 2. - Combien de chrétiens, disons mieux, combien de mondains, à la honte du christianisme qu’ils professent, vivent aujourdhui dans la même ignorance ! — Louis Bourdaloue, Myst. Pentec. - Mille bruits en courent à ma honte. — Jean Racine, Brit. IV, 2. - Enfin il Galilée fut condamné, à la honte de la raison. — Voltaire, Phil. Newt. Singul. nat. 19.

  • Familièrement et par exagération. - Cest une honte, c’est grandhonte, il ne convient pas, il est messéant. - Et que c’est honte au roi de ne leur donner rien. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. II.) - Car c’est honte de vivre et de nêtre amoureux. — (Abbé Mathurin Régnier, Épît. II.) - …Cest grandhonte Quil faille voir ainsi clocher ce jeune fils. — Jean de la Fontaine, Fabl. III, 1.

  • Il se dit aussi au pluriel (Voltaire a condamné cet emploi ; mais, outre les autorités, la raison et l’usage nempêchent pas d’employer ce mot abstrait au pluriel). - Les soins que cette amour nous donne en cette vie Ne peuvent aussi bien nous élever si haut, Que la perfection la plus digne d’envie Ny soit toujours suivie Des hontes d’un défaut. — Pierre Corneille, Imit. I, 3. - Mais tu sais quel orgueil ont lors montré les comtes ; Combien d’affronts pour lui, combien pour moi de hontes ! — Pierre Corneille, D. Sanche, II, 1. - Pour réserver sa tête aux hontes du supplice. — Pierre Corneille, Pomp. V, 3. - La plus brillante fortune ne mérite point ni le tourment que je me donne, ni les humiliations, ni les hontes que jessuie. — Jean de la Bruyère, VIII. - Il aurait fallu prévoir les écueils d’un tel succès, et empêcher les méfaits et les hontes dont le monarque délivré allait charger sa couronne, et, jusquà un certain point, la responsabilité de ses libérateurs. — (Villem., la Tribune franç. Châteaubriand, ch. 14.)

  • Familièrement. - Faire mille hontes, faire cent hontes, accabler d’outrages. - Dans les bras de ce fils on lui fait mille hontes. — Pierre Corneille, D. Sanche, V, 4. - Je vous conjure que ce soit en particulier que je lui demande pardon, parce que sans doute il me ferait cent hontes, cent opprobres devant tout le monde. — Molière, Médecin volant, sc. 15.

  • Sentiment pénible qu’excite dans l’âme la pensée ou la crainte du déshonneur. - Seigneur, ce que je suis ne me fait point de honte. — Pierre Corneille, D. Sanche, I, 3. - La honte se met entre la vertu et le péché pour empêcher qu’on ne la quitte ; puis entre le péché et la vertu pour empêcher qu’on ne la reprenne. — Jacques-Bénigne Bossuet, Pensées chr. VIII. - Il neut point de honte d’écrire que… Jacques-Bénigne Bossuet, Historique II, 3. - Ce lui serait une honte de se dire… Jacques-Bénigne Bossuet, ib. 6. - Elle lui pardonna son crime au gouverneur qui avait fait tirer sur la reine, le livrant pour tout supplice à la honte d’avoir entrepris sur la vie d’une princesse si bonne et si généreuse. — Jacques-Bénigne Bossuet, Reine d’Anglet. - La nature, dit Tertullien, a couvert tout le mal de crainte ou de honte. — Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Vaines excuses des pécheurs, 2. - La honte est une passion que la nature raisonnable excite en nous et qui nous détourne, sans que nous remarquions même ni comment ni pourquoi, de tous les excès et de toutes les impuretés du vice. — Louis Bourdaloue, Exhort. sur la flagellatin de J. C. - Et que, pour retourner à Dieu, vous repreniez cette honte du péché que vous aviez perdue. — Louis Bourdaloue, 13e dim. après la Pentec. Dominic. - La honte du bien, dit saint Bernard, est en nous la source de tout mal, et la honte du mal est le principe de tout bien. — Louis Bourdaloue, Exh. sur la Flagellatin de J. C. t. II, p. 79. - Combien de fois une honte criminelle vous a-t-elle fermé la bouche dans des occasions où il fallait s’expliquer hautement ! — Louis Bourdaloue, Myst. Épiphan. t. I, p. 112. - Je pourrais la décrire dans ces lieux sombres et retirés, où la honte tient tant de langueurs et de nécessités cachées, versant à propos des bénédictions secrètes sur des familles désespérées qu’une sainte curiosité lui faisait découvrir pour les soulager. — Esprit Fléchier, Aiguillon. - Je veux voir son désordre et jouir de sa honte. — Jean Racine, Bajaz. IV, 6. - La sagesse na point de honte de paraître enjouée. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. VIII.) - Personne na jamais mieux su soulager et les besoins d’autrui et la honte de les avouer. — Bernard le Bouyer de Fontenelle, des Billettes. - La honte, compagne de la conscience du mal, était venue avec les années. — Jean-Jacques Rousseau, Confess. III.

  • Avoir honte, éprouver de la honte. - Jai honte de montrer tant de mélancolie. — Pierre Corneille, Hor. I, 2. - Monsieur, vous vous moquez ; jaurais honte à la prendre une bague. — Molière, le Dép. am. I, 2. - Lenvie est un orgueil lâche et timide qui se cache, qui fuit le jour, qui, ayant honte d’elle-même… Jacques-Bénigne Bossuet, 2e serm. Démons, 2. - Il eut honte de se voir vaincu. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. IV.) - Jai honte à ma fortune, en regardant la tienne. — André Chénier, Idylles, le Mendiant.

  • On le dit aussi au pluriel en ce sens. - Jaurais toutes les hontes du monde s’il fallait que… Molière, Préc. 10.

  • Faire honte à quelquun, être pour lui une cause de honte. - Ne l’entreprenez pas, votre offre me fait honte. — Pierre Corneille, Médée, IV, 6. - Jai peur qu’elle ne fasse honte à ses parents. — Marquise de Sévigné, 398. - Sainte institution qui fait honte aux chrétiens. — Jacques-Bénigne Bossuet, Historique III, 6. - Songez-vous que toute autre alliance Fera honte aux Césars, auteurs de ma naissance ? — Jean Racine, Brit. II, 3.

  • Poétiquement. - Faire honte, éclipser. - À quelles roses ne fait honte De son teint la vive fraîcheur ? — François de Malherbe, V, 18. - La belle enfin découvre un pied dont la blancheur Aurait fait honte à Galathée. — Jean de la Fontaine, Scam. - Ses trésors, sous vos pas confusément semés, Ont de quoi faire honte à l’abondance même. — Molière, Psych. IV, 2.

  • Faire honte, faire des reproches qui causent de la honte, de la confusion. - Je lui dis qu’il me fait mal au cœur, je lui fais honte, je lui dis que ce nest point la vie d’un honnête homme. — Marquise de Sévigné, 44. - Elle soupa le soir, et la Voisin, empoisonneuse recommença, toute brisée qu’elle était, à faire la débauche avec scandale ; on lui en fit honte, et on lui dit qu’elle ferait bien mieux de penser à Dieu. — Marquise de Sévigné, 407. - Quil sache faire honte à tous ceux qui aiment une dépense fastueuse. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XXII.)

  • Vous devriez mourir de honte, se dit, par exagération, à quelquun qui a commis une action très répréhensible. - Les Ribalier et les Cogé devraient mourir de honte s’ils navaient pas toute honte bue. — Voltaire, Lett. Damilaville, 28 sept. 1767.

  • Avoir perdu toute honte, être insensible au déshonneur.

  • On dit dans le même sens : mettre bas toute honte, et avoir toute honte bue. - Bartholomée ayant ses hontes bues. — Jean de la Fontaine, le Calendr. - …Soit que, sentant son cas, Simone encor nait toute honte bue. — Jean de la Fontaine, Richard. - Honte bue à présent, ma foi, sur l’inconstance. — (Du Frény, Réconcil. norm. IV, 3.) - Puisque Pigalle ma sculpté, il faut bien que je souffre qu’on me peigne, jai toute honte bue. — Voltaire, Lett. Florian, 3 août 1770.

  • Courte honte, insuccès. - Pour laisser le marquis avec sa courte honte. — Hauteroche, Bourg. de qual. III, 1. - …Tu me vois avec ma courte honte. — Thomas Corneille, D. Bertr. de Cigarral, IV, 2. - Le chat court, mais trop tard, et bien loin de son compte, Neut ni lard ni souris, neut que sa courte honte. — La Motte, Fabl. IV, 8.

  • Un homme s’en retourne, s’en revient avec sa courte honte quand il a reçu l’affront de navoir pu réussir en quelque entreprise. Cette locution est singulière ; et, comme elle manque d’historique, on ne sait comment l’expliquer avec quelque sûreté. - Provisoirement, on peut penser que courte honte signifie proprement honte à court délai, honte qui arrive tout de suite.

  • Mauvaise honte, fausse honte de ce qui nest pas blâmable, et quelquefois même de ce qui est louable. - Par je ne sais quelle bonté, ou, si l’on veut, mauvaise honte, je nai pas la force de rien refuser de ce que l’on me demande avec opiniâtreté. — Paul Scarron, Œuvres, t. I, p. 177. - Mais aucun de ces maux négala les rigueurs Que la mauvaise honte exerça dans les cœurs ; De ce nid à l’instant sortirent tous les vices. — Nicolas Boileau-Despréaux, Ép. III. - La mauvaise honte est le mal le plus dangereux et le plus pressé à guérir. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Éduc. des filles, ch. 9.) - Ce nest pas le vrai honneur, c est une mauvaise honte qui me retient. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Dial. des morts ancien dial. 45.) - Il Charles XII avait conservé, dans l’inflexibilité de son caractère, cette timidité qu’on nomme mauvaise honte. — Voltaire, Charles XII, 8.

  • Fausse honte, timidité mal placée, honte non justifiée. - Je me sens retenu par cette fausse honte. — La Chaussée, Préj. à la mode, II, 1.

  • Sotte honte, synonyme de fausse honte. - Je crois qu’il y eut en cette occasion plus d’orgueil à parler qu’il ny aurait eu de sotte honte à se taire. — Jean-Jacques Rousseau, Confess. VIII.

  • Dans le langage biblique, la honte, les parties que l’on doit cacher. - Cest pourquoi jai relevé vos vêtements sur votre visage, et on a vu votre honte. — (Isaac Louis Lemaistre de Sacy, Bible Jérémie, XIII, 26.)

    Étymologie - antonyme - synonyme - homonyme - expression du mot honte

    Synonyme : dégradation, déshonneur, embarras, gêne, humilité, ignominie, indignité, opprobre, pudeur, remords, reserve, retenue, timidité

    Votre commentaire sur la définition du mot
    honte


    Les définitions
    A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

    Rechercher une définition Trouver des poésies
    Les synonymes
    A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


    honte
    Etendez votre recherche :
    Citation honte | Citation sur honte | Poèmes honte | Proverbes honte | Petites phrases sur honte | Rime avec honte |